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Editorial
vendredi 20 juin 2003


EDITORIAL

Ce numéro paraît grâce à la collaboration très active de nombreux universitaires de la sous-région africaine : Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Maroc, Sénégal. Des contributions décisives, de très grande qualité nous sont également venues de pays pourtant non francophones dont deux d’Amérique (dont la magie du net nous rapproche) : l’Uruguay et le Brésil, et un d’Afrique : Djibouti . A tous ces chercheurs, nous exprimons nos remerciements et notre confraternité académique.

Leurs contributions portent sur des thématiques assez variées :

-  Description de différentes variétés de français.

-  Evolution et enseignement du français en zones non francophones.

-  Etude de langues autres que le français.

1 - Description de différentes variétés de français.

NOUMSSI et WAMBA nous présente un panorama exhaustif du français au Cameroun, ses différents statuts, ses caractéristiques essentielles au plan phonétique, lexical, syntaxique, en prenant en compte aussi bien l’oral que l’écrit littéraire. Ce français, mésolectal, malgré les violations de la norme grammaticale, semble s’être définitivement installé au Cameroun. Cependant, il ne réussit pas à prendre en charge l’identité nationale camerounaise. D’où la nécessité d’une politique linguistique qui conçoive les rapports entre le français et les langues nationales camerounaises non pas en termes conflictuels mais dans un esprit de complémentarité et de collaboration.

DASSI confirme la vitalité de ce français camerounais par une étude fort intéressante de l’intense créativité lexicale autour du néologisme de « téléphonie cellulaire » . Tout le champ lexical de cette nouvelle technique est passé au peigne fin. Les relations sémantiques entre les lexies créées, ainsi que les procédés de formation sont bien analysés. Il insiste sur la nécessité de tenir compte, dans le cadre de la didactique du français au Cameroun, de ces nouvelles créations qui ne traduisent guère une compétence lacunaire mais bien le génie créateur des camerounais et l’appropriation qu’ils se sont faite de la langue française.

On retrouve les mêmes préoccupations didactiques dans l’article de BOUTIN Béatrice Akissi pour qui il existe une norme endogène en français de Côte d’Ivoire dont la gestion pédagogique s’impose. Cette gestion doit cependant être précédée d’une description syntaxique suffisante permettant de dégager les règles et particularités de cette variété de français. l’étude qu’elle propose, ciblant la complémentation verbale, montre qu’une même grammaire rendant compte du français de France peut servir à une telle description.

K. SEFIANI décrit un autre type de variété du français qui a tendance à se développer en France même ; il s’agit de la variété que parlent les jeunes maghrébins vivant en France, un parler encore français mais fortement mis à l’épreuve, truffé qu’il est de mots et d’expressions arabes. Il correspond, pour ces jeunes maghrébins de la troisième génération, à un repère identitaire.

S’intéressant à la langue littéraire dans l’Enfant-pluie, P. Eugène KAMDEM explique avec finesse comment et pourquoi l’auteur Francis BEBEY, pour élaborer le récit, a pu utiliser le présent et le passé composé à la place du passé simple, temps narratif attendu .

Par une confrontation fort éclairante entre les deux outils d’expression de la comparaison, « comme » du français et « hôs » du grec, Sidy DIOP souligne la difficulté liée à l’ellipse du verbe dans les subordonnées introduites par ces outils et fournit des éléments de réponse à l’épineuse question de leur appartenance catégorielle.

2 - Evolution et enseignement du français en zones non francophones

Samantha CHAREILLE retrace les différentes étapes de la diffusion de la langue française en Uruguay à partir du XIX ème siècle, en soulignant les circonstances de la naissance du FLE dans cette partie d’Amérique du Sud. Son étude, s’appuyant de manière convaincante sur l’histoire, la géographie, l’économie et la culture permet de comprendre l’évolution des politiques linguistiques en Uruguay.

Amal MADIBBO, de son côté, évoque l’expérience soudanaise. Elle examine dans les moindres détails l’introduction du français dans ce pays non francophone depuis 1820 par les forces d’occupation turco-égyptienne et de son expansion de plus en plus importante dans les années 60, mettant ainsi au jour les enjeux historiques, politiques et socio-politiques liés au statut du français dans ce pays et l’intérêt majeur pour la francophonie à s’élargir à certains pays non francophones d’Afrique.

3 - Etude de langues autres que le français.

L’anglais que nous décrit BILOA est celui parlé au Cameroun. En contact prolongé avec le français, qui est parlé par une communauté plus forte et après lequel il constitue la deuxième langue officielle du pays, cet anglais est assiégé de toutes parts et tend vers une véritable « francisation ». L’invasion des mots français n’épargne aucun champ de la vie publique : politique, militaire, sanitaire, économique, juridique,, administrative, etc. BILOA élabore un inventaire exhaustif des lexies (gallicismes, acronymes, prénoms féminins, etc) par lesquelles cette « francisation » se manifeste.

N. SECK examine les moyens morphologiques par lesquels la modalité interrogative est exprimée en wolof. Les différents morphèmes interrogatifs de cette langue sont clairement repertoriés. On y relève aussi bien des déterminants, des pronoms que des adverbes. Leurs effets sémantiques sont analysés avec beaucoup de finesse.

Réfléchissant sur la problématique de l’introduction des langues nationales dans le système éducatif du Burkina, NAPON s’attache à identifier les obstacles sociolinguistiques qui retardent cette introduction, et fait des propositions fort pertinentes pour la mise en œuvre, dans ce pays, d’une politique linguistique permettant de surmonter ces obstacles et d’arriver à une réelle promotion des langues nationales.

En sus de ces sous-thèmes, FERREIRA et DAYAN, dans un article original s’appuyant sur les travaux de Piaget et de P. Charaudeau, proposent une conception génétique du signe et des éléments pour une interprétation sociocognitive du discours. Ils dégagent et examinent avec beaucoup de finesse les différents niveaux de signification : pratique, concret et discursif ; ainsi que les différentes formes de signification liées itérativement à ces niveaux et que sont : le référentiel, le logique, le fonctionnel et le symbolique.

Bonne lecture

Modou NDIAYE



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